conférence octobre rose 2021
Le docteur Philippe Fourneret, cancérologue, radiothérapeute du CHMS, Mathilde Pascal, psychologue du Médipôle de Savoie, le docteur Sophie Tardif, gynécologue, présidente de l’Institut du sein de Savoie et le docteur Rosa Carballeda, médecin sexologue, ont animé avec passion cette conférence organisée par l’Institut du sein de Savoie au Médipôle. Photo Le DL /P.B.
Une conférence pour octobre rose
Pour cette première conférence, organisée depuis plus d’un an et demi par l’Institut du sein de Savoie au Médipôle, la présidente, le docteur Sophie Tardif, gynécologue et ses invités, Mathilde Pascal, psychologue du Médipôle de Savoie, le docteur Rosa Carballeda, médecin sexologue et le docteur Philippe Fourneret, cancérologue, radiothérapeute du Centre hospitalier métropole Savoie, se voulaient résolument optimistes, grâce à une meilleure prise en charge des patientes.
Les progrès de l’informatique, la meilleure définition de l’imagerie médicale permettent grâce à une plus grande précision de traiter le cancer du sein en épargnant les organes à risque proches du sein comme les poumons. Le docteur Philippe Fourneret précise, « depuis les années 2000, la modification des techniques, comme l’asservissement respiratoire, permet d’éviter l’irradiation du cœur et des poumons. »
Des répercussions physiologiques et psychologiques
Néanmoins, chaque année, sur les 50 000 femmes, qui sont diagnostiquées pour un cancer du sein, 20 000 devront subir une mastectomie (ablation) totale ou partielle du sein. « Il faut accepter le cancer et la mutilation, un travail de deuil est nécessaire, il n’est pas possible d’effacer le cancer », reconnaît le docteur Sophie Tardif, mais la chirurgie reconstructrice permet à la femme de retrouver une silhouette, une féminité. Cette chirurgie, qui ne comporte que très peu de contre-indications, peut être effectuée à un âge avancé et immédiatement après l’ablation, si la radiothérapie n’est pas nécessaire. La reconstruction du volume et du galbe du sein s’effectue, suivant les souhaits et la morphologie de la patiente selon trois techniques chirurgicales, soit la classique pose de prothèse mammaire, soit par le prélèvement de lambeaux de muscles et de peau du dos ou du ventre, soit par lipomodelage (prélèvement puis réinjection, après traitement, de tissus graisseux). La reconstruction du téton est réalisée par la greffe de petits lambeaux de peau et l’aréole est reconstituée par tatouage.
Si la reconstruction du sein par la chirurgie donne d’excellents résultats et satisfait la très grande majorité des patientes, les répercussions physiologiques et psychologiques du cancer, de la mastectomie et des traitements sont plus difficilement réparables. Le sentiment de culpabilité, de perte de féminité, le regard du conjoint, la crainte de ne plus être désirable, nécessitent une prise en charge psychologique intégrée au parcours de soins.
L’information de la patiente et des proches, dès le premier rendez-vous, doit être totale et non seulement aborder le volet médical mais aussi les conséquences sur la vie affective et la vie intime de la patiente et du couple. « L’atteinte de la santé sexuelle ne doit plus être le prix à payer du silence et de l’évitement. Au contraire, l’information et la prise en charge des troubles de la santé sexuelle ou non, et l’amélioration de la qualité de la vie font partie des obligations déontologiques médico-légales et éthiques », précise le docteur Rosa Carballeda, médecin sexologue. Les effets de la ménopause, comme la sécheresse vaginale, causés par le cancer et les traitements, peuvent être soignés et doivent être intégrés, dès le départ, dans protocole de soin.
Pourra-t-on un jour éviter la mutilation ?
Alors qu’aujourd’hui, la radiothérapie et la chimiothérapie complètent l’ablation totale ou partielle du sein, la séquence inversée (radiothérapie et chimiothérapie pratiquées avant l’éventuelle chirurgie) est, pour le docteur Philippe Fourneret « une stratégie séduisante avec des résultats préliminaires prometteurs et laisse entrevoir un avenir proche sans période de mutilation. Elle ne sera toutefois possible que pour une population de femmes sélectionnées au même titre que les irradiations partielles accélérées du lit opératoire pour la radiothérapie ».